lundi 30 avril 2018

"Celui qui ne m'aime pas ne garde pas mes paroles."


Aujourd'hui, fête de saint Pie V, et en son honneur messe en forme extraordinaire.
Que de malentendu, de superficialité, d'incompréhension: Benoît XVI s'est montré courageux et vrai pasteur. En particulier lorsqu'il a bien spécifié que l'on ne doit pas faire un mélange des deux formes, mais respecter très précisément l'une et l'autre forme. Car il s'agit de deux optiques profondément différentes pour entrer dans le Mystère que l'on célèbre, et il ne faut pas les défigurer pour pouvoir en vivre. Si l'une et l'autre voies sont authentiquement catholiques, le recul du temps nous permet peu à peu un discernement plus juste sur ce qu'il convient de faire.
La messe dite de saint Pie V, e a été conçue, si l'on ose dire, comme une messe de combat: elle comporte l'intégralité de tout ce dont le fidèle a besoin pour éclairer et soutenir sa marche vers la Patrie; et à chaque célébration il s'en pénètre un peu plus et n'a pas besoin de chercher ailleurs: tout est là, d'où son apparente surcharge. On a reproché la pauvreté du lectionnaire, sans voir que la répétition fréquente des mêmes textes bibliques pour les mêmes célébrations, finit par les ancrer dans les esprits, de sorte que cet ensemble de textes choisis devient comme une série de réflexes, une seconde nature. Surtout, cette messe nous transporte littéralement dans le Royaume, en en exprimant la sacralité dans les moindres gestes, qui tissent une réalité qui n'est plus de ce monde; et ne nous en laisse repartir qu'en nous munissant de cet ultime viatique qu'est la proclamation du Mystère de l'Incarnation dans le Prologue de saint Jean. Chaque jour, à chaque messe, imperturbablement. Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas.
Au contraire, la messe dite de Paul VI, prend en compte que le mystère de l'Eucharistie, mémorial de la Passion du Seigneur, est aussi la manifestation la plus haute du mystère de l'Eglise, née du côté du Christ endormi sur la Croix, pour reprendre un mot des Pères dans l'Antiquité; l'Eglise est elle-même le fruit de la Pâque de Jésus: "il devait mourir pour rassembler dans l'unité les enfants de Dieu dispersés." De sorte que la sacralité s'y exprime dans les personnes elles-mêmes ici convoquées, qui y exercent le culte spirituel auquel les députe le Baptême, s'offrant elles-mêmes tandis que le Christ s'offre sur l'Autel par les mains du prêtre; d'où les facultés d'adaptation largement prévues dans le Missel. La richesse du lectionnaire introduira également dans toutes les richesses des merveilles de Dieu, qui nous a fait passer des ténèbres à son admirable lumière, façonnant littéralement le peuple que Dieu s'est acquis pour annoncer la Bonne Nouvelle au monde. A cet égard, la messe type est, pour cette forme du rite, la messe de l'Evêque célébrant dans sa cathédrale, avec fort concours de clergé et de peuple.
On comprend alors pourquoi le moindre court-circuit d'une forme à l'autre, les rendrait inintelligibles. On peut se demander du même coup, si la messe dite de Paul VI est toujours la mieux adaptée à ce que sont devenues nos communautés chrétiennes; et si la forme dite extraordinaire, comme ration de combat pour des fidèles laminés par le sécularisme triomphant, ne devrait pas être plus généreusement proposée.


Pour mémoire, sur le site du Catéchisme et intelligence de la foi:

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