A paraître après l'été
Nadia-Marie FORNEROD
BAPTISTE
enfant de lumière
PREFACE
Au
moment où les mots de génétique et de bioéthique sont sur toutes
les lèvres, des scientifiques aux médias en passant par l'Hémicycle
et les débats citoyens, auxquels participent même des religieux, ce
livre vient providentiellement témoigner que la question essentielle
n'est pas celle des manipulations biotechnologiques, mais qu'il
s'agit d'abord et en dernière analyse, d'êtres humains et
d'humanité.
Il n'y a
en effet que des hommes, des femmes, des enfants, dans ce
récit-témoignage. Un couple qui apprend la cardiopathie lourde de
son troisième enfant à quelques semaines de sa naissance; un petit
garçon, menacé de mort à chaque seconde, qui surplombe peu à peu
de toute sa stature un combat pour la vie, qu'il mène en vrai soldat
pendant plus d'une douzaine d'années; une maman tout à l'unisson de
son petit qu'elle épaulera toujours de façon poignante, le
nourrissant de sa propre substance et le donnant pour ainsi dire à
la lumière et à lui-même par trois fois, jusque dans la mort; des
médecins à l'empathie touchante, qui transfigure leur haute
compétence; d'autres qui dissimulent leurs limites sous un terrible
professionnalisme; un personnel para-médical au dévouement de tous
les instants, parfois vulnérable qui se réfugie alors dans
l'automatisme des gestes à accomplir ; une famille mobilisée
autour des plus faibles de ses membres; une église quelquefois
démunie; des petites gens bouleversés par un petit corps presque
sans vie dont ils ont mystérieusement perçu la démesure de l'âme;
des clowns; etc. Tels sont les protagonistes de ce livre.
Avec
Baptiste, on est souvent dans l'Hôpital. On va aussi à l’École.
On a aussi des projets fous qu'on ne réalisera jamais, mais
qu'importe ? On est dans la vie quotidienne: la mienne, la
vôtre; et on entrevoit soudain l'insondable profondeur des
existences qui s'y révèlent. Vers quelles cimes peut-on s'élever
dans les souterrains d'une pédiatrie moderne? « Tomber vers le
haut », comme l'a dit un philosophe contemporain. Car dans les
salles d'attente ou aux Urgences, l'angoisse qui vous étreint d'une
sorte d'impuissance, ne vous empêche pas de réfléchir ; et si
la nuit, le seul éclairage est celui des voyants clignotants de
toutes sortes d'appareils, il est une autre clarté qui nimbe
doucement les êtres au rythme de leur respiration intérieure, que
l'on apprend à reconnaître.
Ainsi
donc, l'humanité ne ressemblerait pas à la divinité par le rêve
prométhéen de toute-puissance, qui a déjà viré plusieurs fois au
cauchemar. Elle est à l'image de Dieu par la charité: quand la
compassion universelle se fait active, lorsque l'on ne revendique
plus l'impeccabilité, mais qu'on partage humblement ce que l'on a de
meilleur avec tous, sans juger, sans condamner, sans accabler,
patiemment.
Puisse
ce livre redonner à chacun le goût de l'humain, et à tous le désir
de vivre, et d'aider à vivre, tout simplement.
« Il
était la lampe qui brûle et qui éclaire, et vous avez voulu vous
réjouir une heure à sa lumière. » (Jésus à propos de Jean
le Baptiste, en Jn 5, 35)
15
août 2011
Abbé
Guy Vandevelde
Ancien
aumônier du Val de Grâce