"Je crois en Jésus Christ, qui est monté aux cieux."
Le Tour pour Tous
(photo internet)
Aujourd'hui, fête de saint Benoît, patron de l'Europe. Messe parmi les Troupes de Montagne, à l'occasion d'une passation de Commandement.
Texte de l'homélie
« Alors, qu'est-ce
qu'il y aura pour nous? » Une question que nous n'oserions pas
poser, et que le Seigneur, dans sa délicatesse, formule lui-même
pour nous dans son Evangile, parce qu'elle monte quelquefois des
tréfonds de notre coeur: lorsque nous voyons ce que sont devenus
dans nos vies, et parfois sous la pression des circonstances, nos
beaux projets; ou lorsque nous envisageons ces contre-valeurs dont
semblent imprégnées les existences de tant de monde qui nous
entoure. Alors, qu'est-ce qu'il y aura pour nous? La réponse du
Seigneur est parfaitement claire: « Tout homme qui aura quitté
à cause de mon nom des maisons, des frères, des soeurs, un père,
une mère, des enfants, ou une terre, recevra beaucoup plus, et il
aura en héritage la vie éternelle. » Ainsi donc, lorsque ce
genre de questions affleurent à notre conscience, la réponse est un
immense acte de foi qui nous remet en face de notre vraie stature:
nous sommes faits pour la vie éternelle, dont le Seigneur nous
indique qu'elle peut effectivement être notre héritage.
Nous tourner vers le
Ciel: consolation facile, courante, surtout si le deuil se présente;
ou bien plutôt courage de celui qui veille debout sur la montagne,
« comme s'il voyait l'invisible », pour reprendre
l'expression qui est dite de Moïse, sur le Mont Sinaï, aux débuts
de la Révélation. Surtout que la première lecture y insiste:
« alors tu comprendras la justice, l'équité, la droiture: les
seuls sentiers qui mènent au bonheur. » Justice, équité,
droiture: des valeurs qui ont toujours eu cours dans les Armées, et
même encore aujourd'hui. Mais on les pensait devenues étrangères à
la société civile, jusqu'à ces tout derniers temps, où ils sont
de plus en plus nombreux, complètement improbables, à se tenir là:
leur seule présence fait voler en éclat beaucoup de mensonges,
tandis qu'ils nous rendent à tous, une folle espérance. Justice,
équité, droiture: c'est en tout cas dans cette direction que se
trouve la vraie vie, et le bonheur.
Mais la grâce de ce
jour, est peut-être tout simplement la coïncidence liturgique qui
fait que nous célébrons le 11 juillet la fête de saint Benoît,
patron de l'Europe. L'Europe, une perspective toujours présente à
nos engagements, à nos missions, ainsi qu'à la politique, au sens
noble du terme. Nous avons là une affirmation massive, de ce qui
est absolument évident, dès qu'on ouvre ses yeux: les racines
chrétiennes de l'Europe. Mais nous avons surtout avec saint Benoît,
ce qui permet de faire une civilisation ou de la restaurer. La devise
de l'Ordre bénédictin, tout d'abord: prie et travaille; et ensuite
cette impulsion fondamentale qu'il a transmis, jusqu'au continent
lui-même, au sens presque physique, et dont nous vivons encore: la
priorité de l'amour de Dieu et du Christ, et la charité fraternelle
universelle; avec cette touche que l'on peut encore expérimenter
lorsqu'on va dans les abbayes bénédictines: l'accueil de celui qui
passe, et auquel le Père Abbé, le chef des chefs dans cette maison,
vient rendre l'humble service de lui laver les mains ou les pieds.
Il est certain qu'en
nous détournant de Dieu, nous avons presque tout perdu: et encore
notre dotation originelle était-elle si riche qu'il a fallu bien du
temps pour tout dilapider. Mais en nous retournant vers Dieu, nous
pouvons tout retrouver: Dieu n'est pas rancunier, au contraire, il
lui plaît de donner non pas à la mesure de nos pauvres mérites,
mais à la mesure sans mesure de sa propre générosité. Nous
terminerons sur une petite réflexion de quelqu'un qui disait
récemment: le prochain qui me parlera de l'obscurantisme du
moyen-âge, je lui dirai: « construis d'abord une cathédrale,
ensuite nous parlerons. »