dimanche 16 février 2014

Messe de garnison à Fourvière

"Quand vous dites oui, que ce soit un oui; quand vous dites non, que ce soit un non."


De J. Ratzinger-Benoît XVI dans son livre "Jésus de Nazareth" (pp. 140ss)
Cette union à la volonté de Dieu le Père à travers la communion avec Jésus, dont la nourriture est de faire la volonté du Père (cf. Jn 4, 34), ouvre à présent de nouvelles perspectives sur les différentes prescriptions de la Torah. .. Dans la nouvelle famille de Jésus, que l'on appellera plus taard « l'Eglise », ces différents dispositifs juridiques et sociaux ne peuvent avoir de validité générale dans leur littéralité historique : c'était bien là le problème au début de « l'Eglise des nations » et l'objet de la controverse entre Paul et ceux qu'on appelait les « judaïsants ». ..
.. Il se produit là un événement d'une extrême importance, dont la portée n'a pu être pleinement comprise qu'à l'époque moderne, qui s'est empressée d'en donner une version unilatérale, voire falsifiée. Les dispositions juridiques et sociales concrètes, les régimes politiques ne sont plus fixés comme un droit sacré dont la lettre vaut pour toutes les époques et pour tous les peuples. Ce qui est décisif, c'est la communion fondamentale de volonté avec Dieu, que Jésus a offerte. En partant d'elle, les hommes et les peuples sont désormais libres de discerner ce qui est conforme à cette communion de volonté en matière de régime politique et social, pour créer par eux-mêmes des ordres juridiques. .. un événement d'une portée historique universelle, sans équivalent dans toute autre culture : les dispositifs politiques et sociaux concrets sont renvoyés de la sphère immédiate du sacré, de la législation du droit divin, à la liberté de l'homme, qui, à travers Jésus, est enraciné dans la volonté du Père et qui, partant de lui, apprend à discerner ce qui est juste et bon.
.. Il est vrai qu'entre-temps cette liberté a été complètement arrachée à la perspective de Dieu et à la communion avec Jésus. La liberté pour l'universalité et donc pour la juste laïcité de l'Etat s'est transformée en quelque chose d'absolument profane, en « laïcisme », pour lequel l'oubli de Dieu et l'attachement exclusif au succès semblent être devenus des éléments constitutifs. Pour le chrétien.. c'est surtout la recherche de la volonté de Dieu en communion avec Jésus qui reste une orientation pour la raison, faute de quoi celle-là court toujours le risque de s'aveugler ou d'être aveuglée.
Une dernière remarque importante. Cette universalisation de la foi et de l'espérance d'Israël, la libération qui s'ensuit de la lettre pour la nouvelle communion avec Jésus, sont en rapport avec l'autorité de Jésus et sa revendication de Fils. Cette libération perd son poids historique et sa base si l'on donne de Jésus une interprétation réductrice, en en faisant un rabbi réformateur libéral. Une interprétation libérale de la Torah serait une simple opinion de docteur de la Loi, mais n'aurait aucune importance historique... Le saut dans l'universalité, la liberté nouvelle qui lui est nécessaire, ne sont possibles qu'en vertu d'une obéissance plus grande. Cela ne peut avoir un impact historique que si l'autorité de cette nouvelle interprétation n'est pas moindre que celle du texte original lui-même : ce doit être une autorité divine. 

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