"Quand vous dites oui, que ce soit un oui; quand vous dites non, que ce soit un non."
De J. Ratzinger-Benoît XVI dans son livre "Jésus de Nazareth" (pp. 140ss)
Cette
union à la volonté de Dieu le Père à travers la communion avec
Jésus, dont la nourriture est de faire la volonté du Père (cf. Jn
4, 34), ouvre à présent de nouvelles perspectives sur les
différentes prescriptions de la Torah. .. Dans la nouvelle
famille de Jésus, que l'on appellera plus taard « l'Eglise »,
ces différents dispositifs juridiques et sociaux ne peuvent avoir de
validité générale dans leur littéralité historique :
c'était bien là le problème au début de « l'Eglise des
nations » et l'objet de la controverse entre Paul et ceux qu'on
appelait les « judaïsants ». ..
.. Il
se produit là un événement d'une extrême importance, dont la
portée n'a pu être pleinement comprise qu'à l'époque moderne, qui s'est empressée d'en donner une version
unilatérale, voire falsifiée. Les dispositions juridiques et
sociales concrètes, les régimes politiques ne sont plus fixés
comme un droit sacré dont la lettre vaut pour toutes les époques et
pour tous les peuples. Ce qui est décisif, c'est la communion
fondamentale de volonté avec Dieu, que Jésus a offerte. En partant
d'elle, les hommes et les peuples sont désormais libres de discerner
ce qui est conforme à cette communion de volonté en matière de
régime politique et social, pour créer par eux-mêmes des ordres
juridiques. .. un événement d'une portée historique
universelle, sans équivalent dans toute autre culture : les
dispositifs politiques et sociaux concrets sont renvoyés de la
sphère immédiate du sacré, de la législation du droit divin, à
la liberté de l'homme, qui, à travers Jésus, est enraciné dans la
volonté du Père et qui, partant de lui, apprend à discerner ce qui
est juste et bon.
.. Il
est vrai qu'entre-temps cette liberté a été complètement arrachée
à la perspective de Dieu et à la communion avec Jésus. La liberté
pour l'universalité et donc pour la juste laïcité de l'Etat s'est transformée en quelque chose
d'absolument profane, en « laïcisme », pour lequel
l'oubli de Dieu et l'attachement exclusif au succès semblent être
devenus des éléments constitutifs. Pour le chrétien.. c'est
surtout la recherche de la volonté de Dieu en communion avec Jésus
qui reste une orientation pour la raison, faute de quoi celle-là
court toujours le risque de s'aveugler ou d'être aveuglée.
Une
dernière remarque importante. Cette universalisation de la foi et de
l'espérance d'Israël, la libération qui s'ensuit de la lettre pour
la nouvelle communion avec Jésus, sont en rapport avec l'autorité
de Jésus et sa revendication de Fils. Cette libération perd son
poids historique et sa base si l'on donne de Jésus une
interprétation réductrice, en en faisant un rabbi
réformateur libéral. Une interprétation libérale de la Torah
serait une simple opinion de docteur de la Loi, mais n'aurait aucune
importance historique... Le saut dans l'universalité, la
liberté nouvelle qui lui est nécessaire, ne sont possibles qu'en
vertu d'une obéissance plus grande. Cela ne peut avoir un impact
historique que si l'autorité de cette nouvelle interprétation n'est
pas moindre que celle du texte original lui-même :
ce doit être une autorité divine.
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