vendredi 1 novembre 2013

Solennité de tous les Saints

"Je crois à la vie éternelle. Amen"

En océan indien

Dieu, nous te louons, Seigneur, nous t’acclamons dans l’immense cortège de tous les saints. Cortège enthousiasmé et enthousiasmant de toute langue peuple et nation. Il y a là les plus grands esprits qui ont dominé leur époque. Il y a des rois et des reines. Il y a aussi des mendiants et des vagabonds. Il y a des vieillards et des enfants. Certains ont opéré des passages de civilisation au bénéfice de tout le genre humain, d’autres n’ont fait qu’être trucidés parce qu’ils étaient chrétiens. Certains étaient pittoresques, d’autres plus austères. Les Docteurs de l’Eglise ont formulé la foi chrétienne en des temps où les empereurs se mêlaient de définitions dogmatiques.  Nous trouvons là des jeunes filles plus courageuses que des guerriers, et des jeunes gens marchant dans la droiture jusqu’à l’héroïsme. Ils sont de partout: pensons aux Coréens, aux Vietnamiens, à la jeune esclave soudanaise. Ils ont su discerner les grand problèmes du temps et indiquer avec sûreté où se trouvait la fidélité à l’Evangile. Certains étaient de grands fervents de la Vierge Marie, d’autres n’avaient que Jésus à la bouche. Tous lui sont demeurés fidèles, ils ont tous persévéré dans la Sainte Eglise et vécu de ses Sacrements: c’est animés par son Esprit qu’ils ont pu avoir ces vies passionnées et passionnante, puisant dans les trésors de Dieu, de quoi servir partout leurs frères.

Aucun d’entre eux n’est né saint: ils le sont tous devenus. Ils sont tous nés pécheurs. Au premier cercle, si l’on peut dire, on trouve saint Pierre et saint Paul: celui-ci était persécuteur de l’Eglise, et celui-là un renégat. Mais accueillant la miséricorde de Dieu et la grâce du Christ, ils en sont devenus les témoins, colonnes, fondements de tout l’édifice de la sainte Eglise. Plus proche encore, nous trouvons saint Jean Baptiste, héritier de tout l’Ancien Testament, c’est lui qui a désigné de son doigt l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde, le Sauveur au milieu des hommes. Plus près encore du centre, saint Joseph, que le Verbe incarné, concu virginalement du Saint Esprit, honorait cependant du nom de papa et il lui était soumis. Et enfin, la Vierge Marie: là, nous sommes au centre. Elle est la Mère de Dieu. Elle n’est pas née pécheur: elle est immaculée dans sa conception même. En elle resplendit toute la plénitude du salut accomplit par le Christ: le péché n’a pas eu de part en elle, pas un seul instant. Elle est la mère de Jésus, cet Homme en qui habite corporellement la plénitude de la divinité. Et de sa plénitude nous avons tous reçu, et grâce après grâce: c’est de la sainteté de Jésus Christ que tous les saints ont tiré la grâce de leur propre sanctification, aussi foisonnante et diversifiée, pour nous confondante. Des cinq plaies sacrées de Jésus coule sans cesse et jusque dans l’éternité la vie bienheureuse de tous les élus. C’est dans ses blessures que nous sommes sauvés.

Jean Paul II a déclaré beaucoup de saints et de bienheureux: non pas seulement parce que le XX° siècle a été particulièrement dur pour la foi chrétienne, et donc aussi propice à la sainteté, mais surtout parce qu’il voulait nous faire comprendre que la sainteté était possible et qu’elle était désirable. De fait, quelques années après, Benoît XVI fera ce constat terrible dans son encyclique sur l’espérance: en fait, on ne désire plus devenir saint, parce que la vie éternelle n’intéresse plus. On entend quelquefois dire: "je ne suis pas saint" avec la légèreté de l'évidence tranquille. Alors que nous devrions être catastrophés par ce constat. Pensons-y une seconde concrètement: je vais donc louper l’éternité bienheureuse, je ne serai pas de la foule exultant de joie, se réjouissant du bien des autres comme de son bien propre; je ne connaîtrai jamais ce bonheur de la communion sans plus aucun malentendu, sans la peur de se séparer un jour ou de se perdre. Ce ne sera pas pour moi ces retrouvailles éternelles avec ceux que j’ai aimés, au banquet du Royaume. Rien de tout ça pour moi: juste tout seul au fond d'un trou... et encore, ce serait le moins pire: nous en reparlons demain, pour le jour des Morts. Quelqu’un a dit qu’au Moyen Age les gens vivaient beaucoup plus longtemps que nous: parce qu’après leur trente ou quarante ans, ils avaient aussi toute l’éternité, tandis que l’homme moderne gratte difficilement ses quelques dizaines d’années, après quoi plus rien du tout. Et encore, quelques dizaines d’années, qui le dira? Et même si je crois fixer le jour et l’heure de ma mort avec les parlementaires, est-ce que je tiendrai jusque là? Au lieu d’entendre enfin la parole souveraine: entre dans la joie de ton maître, foule bienheureuse de tous les élus, avec les anges et les archanges et les puissances des cieux, pour moi aussi!


Pour finir la série des grands Papes: le Pape François dans son encyclique sur la Lumière de la Foi commente dans les derniers numéros, cette parole de la Lettre aux Hébreux: Dieu leur a préparé une ville; s’ils avaient pensé à une patrie terrestre, ils auraient eu le temps d’y retourner. Mais ils attendaient une cité meilleure, celle que Dieu construit et où il demeure. Voilà notre ville, voilà notre milieu vital, voilà les personnes avec qui nous vivons, voilà les splendeurs qui sont nôtres, voilà notre héritage avec le Christ, voilà notre cité: qu’est-ce qui nous oblige à nous repaître de cette jungle où les requins le disputent aux loups? Notre vraie patrie c’est le Ciel, où Dieu lui-même se donne en nourriture, où tous ils nous attendent.

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