Le Conclave n'est pas une république minable

“Pour suivre Jésus Christ, rejetez-vous Satan qui est l’auteur du péché?

- Oui, je le rejette.”

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Nous célébrons aujourd'hui la messe pour l'élection d'un Pape. Il est important en effet de nous remettre devant la réalité de ce qui se passe, tant les commentaires des medias mondains, et même des analystes catholiques nous font dériver vers le sens d'une élection dans une république minable, déchirée par les rivalités de partis. Celui qui va être élu au Conclave c'est le Successeur de Pierre, le Vicaire du Christ qu'il représente, c'est-à-dire qu'il rend présent en ce temps, avec tous ses pouvoirs temporels et spirituels, notamment de celui qui vient non pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. C'est lui que chaque Cardinal, par motif grave de conscience et au nom du service de l'Eglise qu'il a embrassé en recevant la pourpre, est tenu de désigner comme étant, selon lui, le Pape que le Christ veut donner à son Eglise. Et cette volonté de Dieu, traversant au plus intime l'esprit et le sanctuaire intérieur de la conscience de chacun, sera indiquée par les suffrages de la majorité des deux tiers des cardinaux électeurs. On est donc très éloignés d'une lutte qu'on voudrait nous faire accroire, entre deux partis opposés qui s'entre-déchirent pour le pouvoir suprême dans l'Eglise: les Cardinaux de Curie contre les Cardinaux de l'extérieur; les Cardinaux de l'extérieur contre les Cardinaux de Curie.

Rappelons tout de même, que plusieurs Cardinaux de Curie sont d'anciens évêques résidentiels dans des diocèses "extérieurs", et que plusieurs Cardinaux de l'extérieur sont des anciens Evêques de Curie: il n'y a donc pas de camps opposés, mais des gens qui ayant donné leur vie au Christ et à l'Eglise, servent de leur mieux là où l'obéissance les a mis. Mais surtout, que la foi surnaturelle nous permette de communier à la façon dont le Saint Esprit conduit l'Eglise vers la vérité tout entière: jamais dans la caporalisation des esprits par la pensée unique, ni dans la manipulation démagogique. Au contraire, dans l'échange vrai qui peut aller jusqu'à l'affrontement des personnalités, il conduit à l'unité d'un seul coeur et d'une seule âme; dans la prise en compte de toutes les positions légitimes, au lieu de subordonner une minorité à une majorité, il maintient l'Eglise dans la plénitude catholique.

Ne recommençons pas à l'occasion de ce Conclave et pour le règne du futur Pape, l'erreur monumentale qui a été commise à propos du Concile Vatican II: on en a fait la victoire du camp progressiste sur le camp traditionnaliste, au lieu de s'émerveiller de la synthèse très riche que l'Eglise a réussi à formuler de sa doctrine et de sa vie à l'horizon de l'An 2000; intégrant dans les mêmes Documents des courants au départ farouchement opposés parfois, pour finalement se reconnaître comme les traits contrastés du visage de l'Eglise et de son mystère de salut pour le monde. Cette grille mondaine plaquée sur le Concile nous a coûté une division profonde de l'Eglise, soldée par un schisme déclaré et des schismes latents, mais surtout une relative désertion des vrais combats du monde, en un temps où il eût fallu être présent dans une mobilisation unanime et sans faille, afin de lui éviter les malheurs dans lesquels il se précipite de façon de plus en plus accélérée.

Ne plaquons pas alors sur le Conclave et le futur Pape avant même qu'il ne soit élu, la grille de la lutte de pouvoir entre le Centre et la Périphérie: nous serions bien capables d'y perdre la grâce insigne pour l'Eglise de notre temps, et de compromettre de façon durable la fécondité de son action dans la nouvelle Evangélisation. Nul doute que l'Adversaire ne jette cette fois ses dernières forces pour arriver à ses fins: ce dont nous avons le plus besoin actuellement c'est de garder la foi dans le mystère surnaturel de l'Unité de l'Eglise, composés pourtant des pauvres pécheurs que nous sommes, dont le Christ est toujours la Tête, elle qui est son Corps et son Epouse toujours fidèle.

المزمور80

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au cours d'un exercice de remorquage